Le projet
Une sur Trois
En référence à la statistique mondiale qu’une femme sur trois, dans sa vie, va être victime de violences sexuelles, la série Une sur Trois présente, grâce à la photographie, les symptômes post-traumatiques que ces agressions peuvent avoir comme impacts sur une vie.
À travers son objectif, la photographe Juliette Dupuis Carle veut donner la parole aux corps et aux âmes, de femmes victimes de violences sexuelles. Grâce à l’art, elle souhaite exprimer leurs maux et leurs peurs. Montrer avec l’Art et la douceur, les douleurs quotidiennes, cachées et trop souvent mises sous silence alors qu’elles sont vécues par, au moins, une personne sur six.
Il s’agit aussi de faire comprendre aux personnes isolées qu’elles ne sont pas seules et que ce qu’elles vivent est normal. Aider ces personnes à survivre face aux violences vécues et permettre de construire une société sans ces violences.
Réparer les violences tout autant que les faire disparaître pour les prochaines générations.
De nos jours, une femme sur trois, dans sa vie, est victime de violences physiques ou sexuelles. C’est en partant de cette statistique mondiale que Juliette Carle a voulu mettre en lumière les conséquences des violences sexuelles sur la vie d’une femme.
Laisser aux femmes l’espace de s’exprimer comme elles le veulent, c’est le commencement de ce documentaire. Leur donner la possibilité de montrer leurs souffrances quotidiennes et leurs traumatismes invisibles, de la manière qu’elles le ressentent chaque jour ; c’est ce à quoi tend ce travail.
En plus d’être une série documentaire, elle s'aide du soin par l’image pour guider ces femmes durant les séances. Le projet se présente sous forme de triptyques ; à travers le témoignage écrit, chaque femme raconte avec ses propres mots son ressenti.
À travers l'image, chaque survivante tente aussi de rapporter l’indicible, le handicap invisible qui la ronge en silence. Toutes confient alors culpabilité, colère, peurs, addictions – boulimie, anorexie, scarification ou encore rites de propreté comme autant de moyens visant à sortir d’un corps meurtri, violé.
Le témoignage est ensuite transformé, sinon accompagné, par une photographie réfléchie et composée ensemble. Du sujet à la pose, de la composition au choix de l’image finale, elle souhaite créer un espace de bienveillance pour qu’elles la guident avec confiance dans ce qu’elles souhaitent exprimer. Le dernier élément du triptyque est un portrait simple et neutre, toujours pris de la même façon : de face ou de dos.
À travers son objectif, elle aspire à donner la parole aux corps et aux âmes de ces femmes victimes de violences sexuelles. Elle s'efforce de matérialiser leur peine afin de les libérer, avec poésie et intimité. Il s'agit aussi d'une quête à travers laquelle sont mises en lumière les histoires de ces femmes, blessées et résilientes, ainsi que leurs émotions si tangibles.
L'exposition
La série Une sur Trois a été exposée pour la première fois au sein de l’Espace Beaurepaire en mars 2022 ; un lieu atypique qui offre la possibilité à différents artistes d’exposer. Grâce à un espace de 190m2, l’exposition présentera 20 portraits de 20 femmes différentes qui ont accepté de témoigner dans le cadre du projet Une sur Trois.
L'exposition a été pensée comme un kit itinérant : elle a été exposée depuis dans plusieurs lieux en France et est mise à disposition pour sensibiliser le plus grand nombre aux conséquences des violences sexuelles dans la vie d'une femme.
Le lieu a également servi à créer un espace de parole et de sensibilisation : thérapeutes, sociologues, associations ou personnalités publiques ont été invité.e.s durant la durée de l'événement et ont pu s’exprimer sur leurs différentes luttes contre les violences faites aux femmes lors d’échanges et d’événements.
Chaque soir durant les 10 jours d’exposition ; des ateliers, des groupes de parole, des tables rondes mais aussi des conférences ont été organisées autour des violences faites aux femmes, mais également sur les violences faites aux enfants. Avec pour thème, le parcours post-traumatique, mais aussi les violences sexuelles au travail ou encore la sexualité après ces violences…
Ce projet était une exposition, mais également un moyen fort de sensibiliser au parcours post-traumatique de victimes et survivantes.
A l'origine du projet
Juliette Carle est une artiste photographe documentaire basée à Paris. Son travail explore la santé mentale, l’intime et la force de chacun en racontant avec douceur et engagement des histoires et des faits de société. De son point de vue, l’empathie suscitée doit forcément mener à une prise de conscience collective.
Formée à la photographie à l’Ecole de Condé et à Bloo Ecole à Lyon, elle étudie par la suite le management culturel et associatif et travaille pendant quelques années dans l’humanitaire avant de se consacrer à la photographie documentaire et au portrait.
Son travail photographique est à l’image de son engagement associatif : il se concentre sur des questions identitaires et des faits de sociétés tels que les migrations (documentaire Intégration en cours, 2016), la santé mentale (série Intimités, 2019 - en cours) et les violences sexistes et sexuelles (documentaire Une sur Trois, 2022).
Dans sa série au long cours Intimités, Juliette explore la santé mentale et ce qui fait corps à chacun : entre injonctions, maladies, complexes et violences, elle veut donner la voix aux corps pas ou peu représentés.
Le documentaire Une sur Trois représente les conséquences post-traumatiques des violences sexuelles sur la vie d’une femme. La série est devenue une exposition personnelle itinérante : elle a été exposée à l’Espace Beaurepaire (mars 2022), à La Cité Audacieuse (novembre 2022), au ministère de la Justice (février 2023) et à l’École Nationale de la Magistrature à Bordeaux, en septembre 2023. Dans ce cadre, elle organise et anime des conférences et des ateliers autour du thème d'Une sur Trois.
En parallèle, elle travaille en commande dans les domaines de la photographie de reportage, notamment pour des ONGs (CARE France, OXFAM, Avec Talent), de la mode et du portrait.
Depuis 2022, elle est représentée par Kintzing dans le cadre de la sélection Somewhere Magazine.
Elle travaille actuellement sur une nouvelle série au long cours qui se concentre sur les violences conjugales. Elle documente l’emprise psychologique de ces relations en narrant l’histoire d’ex-victimes, avec toujours l’envie de sortir des clichés de représentation des victimes de ces violences.
Sa série Une sur Trois sera bientôt exposée à la Maison des Photographes (UPP), dans le 10ème arrondissement de Paris.